Comme promis, voici les gravures reçues, tels des cadeaux de Noël :)
Pour l'instant, 4 sont arrivées : l'une de Bretagne, une autre d'Alsace, la 3ème d'Aquitaine et ce matin, la dernière en date : d'Espagne (Malaga).
J'ai répondu "présente" pour participer à un challenge, un échange de gravures proposé pour rompre l'isolement provoqué par le second confinement de l'année 2020.
Le principe : créer une gravure d'un format de carte postale (par exemple, une plaque de 10 x 15 cm), tirée en 7 exemplaires et l'envoyer, avec un mot au dos, à 7 autres graveuses ou graveurs inconnus. Chacun aura le plaisir de recevoir une carte postale faite à la main. Une cinquantaine de personnes ont accepté de participer à ce challenge, en France et à l'étranger.
Après avoir un peu tâtonné (une gravure ratée qu'il faudra que je reprenne 😉), j'ai pensé à tous ces beaux paysages et monuments de ma Touraine, cachés des regards en raison du confinement. Et j'ai pensé au château d'Amboise que je pouvais contempler tous les matins en allant travailler. Mais ça, c'était avant, avant le télétravail, avant l'interdiction de se déplacer à plus d'un km.
Voici donc "mon château", caché des regards, au fond d'une grotte magique.
"Au fond de la grotte des confinés, le château d'Amboise apparaît tel un rêve éveillé."
Dès que j'aurai reçu mes 7 gravures, je vous les partagerai.
Je pense à tous ces skippers partis seuls, sans assistance et sans escale, faire le tour du monde car je suis une grande fan du Vendée Globe.
Avec de surcroît le semi-confinement, mon inspiration maritime est repartie !!!
Une belle manière noire
(à droite, la plaque de cuivre bercée avec ses "blancs")
Un encrage toujours délicat avec l'encre à l'huile
Voici un tirage que j'aime bien... Philippe préfère le flou de celui-ci.
Emil Nolde, peintre expressionniste, introduit du vert dans ses marines, en particulier dans le ciel. Il m'a inspiré un changement de couleur pour mes marines, du bleu vers le vert...
Et ci-dessous, les 3 premiers tirages avec des encrages et essuyages différents :
Des amies très chères apprécient particulièrement quand je raconte le processus de création de mes gravures. De l'inspiration à l'aboutissement, il y a parfois un grand delta ;). Je me suis amusée à retrouver ce qui m'avait inspiré et ce que cela avait donné au final. Je les ai reclassées dans l'ordre antichronologique. Vous remarquerez que plus on recule dans le temps, plus on se rapproche du figuratif. Almada date de 2011.
Les bords de Loire sont devenus des rivages canadiens, ou d'Asie, c'est selon les uns, les autres
Sainte-Adresse au Havre
Venise : la photo qui m'a inspirée.... et le résultat final
El Lissitzky, en hommage à mon premier cours d'iconologie de l'art
Alien (un de mes films préférés)
Yang Yongliang
Danseuse du début du siècle dernier, en l'occurrence Isadora Duncan
Vendeuse ambulante à Hanoi (Viet Nam)
Golden Gate Bridge à San Franscisco
Santa Fe au Nouveau Mexique
Almada de l'autre côté du Tage (du point de vue de Lisbonne)
Je continue ma série des "marines" et, en ces temps caniculaires, je privilégie le lino et la gomme à graver, plus agréables à travailler et qui demandent un tirage avec de l'encre à l'eau (plus agréable à nettoyer). C'est plus rapide et comme la température de mon grenier atelier avoisine les 30 degrés... moins j'y reste, mieux c'est.
Bon... me voici avec des vagues, ma dernière oeuvre que mon compagnon Philippe a baptisée"submersion" et voilà ce que cela lui inspire :
"La force déchaînée des éléments naturels en exergue montre la dimension d’humilité que se doit de réaliser l’humanité. Ce peut être un de ces tsunamis ravageurs ou une simple mer démontée. A moins que ce ne soit la rupture d’un barrage naturel ou artificiel qui engloutit vies et villages. On peut y percevoir le côté sauvage et anarchique d’une nature à la quête d’un équilibre. On peut y lire aussi la pandémie actuelle de Covid19 qui submerge encore notre planète. "
Effectivement...
Je n'y avais mis que de simples vagues et j'étais loin de m'imaginer tout ça.
Tout est parti d'une photo prise un soir, de retour de mon travail à Blois. Un trajet que j'effectue en voiture par la levée de la Loire (rive droite). J'ai pris cette photo et j'ai eu envie d'en faire une gravure.
Tirage 1er état
Les arbres au fond, faits à la roulette La Loire au 1er plan, morsure sur cire
Maintenant,
il faut ajouter les îles, les arbres...
J'ai eu l'idée de faire mordre dans le perchlo les arbres faits avec la roulette. Pas franchement une réussite. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé mais le perchlo a fait des traces. J'ai essayé d'ajouter des îles et des arbres en refaisant une eau-forte sur l'aquatinte. Un peu périlleux, je vous l'accorde... les arbres n'ont pas pris.
Et si on la retournait
Et si on mettait un toit au temple, en haut de la colline...
Et si on ajoutait des bateaux...
J'imagine un paysage canadien, donc je mets des canoës !
Allez, pointe sèche pour le toit et aquatinte pour les bateaux...
Et voilà, j'adore
Décidément, j'adore ce jeu découvert pendant le confinement pour économiser le cuivre qui permet d'utiliser le cuivre jusqu'au bout du bout..., de l'user "jusqu'à la corde" ; de développer son imagination à partir d'un support donné, de se plier à une contrainte.
Alors, il n'est pas beau, mon dragon ?
J'ai beaucoup aimé ce que Martine a écrit sur mon dragon :
"Le dragon habite les fonds marins d'où émane une lumière venue de très loin... À moins qu'il n'habite le cosmos et chemine au milieu de ces poussières d'étoiles... toute cette profondeur lumineuse derrière lui..."
...PENDANT CE CONFINEMENT QUI SEMBLE NE JAMAIS FINIR...
Pour cette gravure, je me suis inspirée de la mer phosphorescente de MC Escher (ici, en bas à gauche).
J'aime beaucoup le résultat final (ci-dessous à droite). "Ma" mer semble vivante, contrairement à la lithographie de Escher que je trouve, certes très belle, mais un peu figée et sans âme. Une aquatinte en 6 temps sur une petite plaque en 10 x 10 cm, idéal pour les "Petits formats".
La gravure est une passion qui m'emmène dans des aventures et des expériences sans cesse renouvelées. Manière noire, aquatinte, roulette, pointe sèche, eau forte, gaufrage..., j'explore toutes les techniques. Le cuivre reste ma matière de prédilection tant par sa sensualité que par l'éventail des nuances de densité offertes, car j'aime la diversité des textures et des matières.