Des amies très chères apprécient particulièrement quand je raconte le processus de création de mes gravures. De l'inspiration à l'aboutissement, il y a parfois un grand delta ;). Je me suis amusée à retrouver ce qui m'avait inspiré et ce que cela avait donné au final. Je les ai reclassées dans l'ordre antichronologique. Vous remarquerez que plus on recule dans le temps, plus on se rapproche du figuratif. Almada date de 2011.
Les bords de Loire sont devenus des rivages canadiens, ou d'Asie, c'est selon les uns, les autres
Sainte-Adresse au Havre
Venise : la photo qui m'a inspirée.... et le résultat final
El Lissitzky, en hommage à mon premier cours d'iconologie de l'art
Alien (un de mes films préférés)
Yang Yongliang
Danseuse du début du siècle dernier, en l'occurrence Isadora Duncan
Vendeuse ambulante à Hanoi (Viet Nam)
Golden Gate Bridge à San Franscisco
Santa Fe au Nouveau Mexique
Almada de l'autre côté du Tage (du point de vue de Lisbonne)
Tout est parti d'une photo prise un soir, de retour de mon travail à Blois. Un trajet que j'effectue en voiture par la levée de la Loire (rive droite). J'ai pris cette photo et j'ai eu envie d'en faire une gravure.
Tirage 1er état
Les arbres au fond, faits à la roulette La Loire au 1er plan, morsure sur cire
Maintenant,
il faut ajouter les îles, les arbres...
J'ai eu l'idée de faire mordre dans le perchlo les arbres faits avec la roulette. Pas franchement une réussite. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé mais le perchlo a fait des traces. J'ai essayé d'ajouter des îles et des arbres en refaisant une eau-forte sur l'aquatinte. Un peu périlleux, je vous l'accorde... les arbres n'ont pas pris.
Et si on la retournait
Et si on mettait un toit au temple, en haut de la colline...
Et si on ajoutait des bateaux...
J'imagine un paysage canadien, donc je mets des canoës !
Allez, pointe sèche pour le toit et aquatinte pour les bateaux...
Et voilà, j'adore
...PENDANT CE CONFINEMENT QUI SEMBLE NE JAMAIS FINIR...
Pour cette gravure, je me suis inspirée de la mer phosphorescente de MC Escher (ici, en bas à gauche).
J'aime beaucoup le résultat final (ci-dessous à droite). "Ma" mer semble vivante, contrairement à la lithographie de Escher que je trouve, certes très belle, mais un peu figée et sans âme. Une aquatinte en 6 temps sur une petite plaque en 10 x 10 cm, idéal pour les "Petits formats".
Voici mon prochain sujet de travail (et d'expo aux Petits formats ?) : les marines.
J'ai envie de travailler sur l'eau et les paysages aquatiques. Cela me rappelle une très belle expo au musée Marmottan : "peindre l'indicible". En gravure, cela me paraît être un sujet pas facile, facile...
Je commence en vous dévoilant la vague d'après Strindberg.
Dans ma tête, il y a aussi un vaisseau fantôme et un paysage de Loire... mais chuuuttt...
August Strindberg (peintre, photographe et écrivain suédois, 1849-1912) est un de mes artistes préférés.
Sa série des vagues m'a toujours fascinée et j'ai une prédilection particulière pour la vague VII (ci-contre) :
J'ai décidé de m'essayer à réaliser une vague "à la manière de" en gravure en petit format carré (10 cm x 10 cm) pour continuer dans ma série du rectangle noir dans un carré.
Voici la mer déchaînée effectuée en aquatinte. La texture me plaît bien, j'adore !
Pour le ciel, je vais tenter une technique nouvelle pour moi : la marbrure. J'en suis encore à mes premiers essais, pas encore concluants... Patience, patience...
L'idée est, ici, de vous expliquer quelles sont les différentes étapes de création d'une gravure. J'ai choisi "Bobby le phoque" car le résultat est très éloigné du projet initial et ce n'est pas peu dire ! En 2015, le "Jeu de paume" a organisé une exposition sur le photographe Pierre Le Fenoÿl au Château de Tours. J'ai été frappée par l'affiche de présentation de l'expo car les nuances des arbres m'évoquaient étrangement celles que j'avais pu observer dans les arbres du bord de Loire, mon fleuve préféré. J'ai souhaité travailler sur les matières et les lumières des cimes de ces arbres.
Déjà, j'avais tenté de reproduire en gravure ces fameux arbres, en aquatinte, avec des réserves (en blanc) et différents temps de trempage dans le perchlo.
Sans guère de succès... en revanche, cela m'a donné la matière pour "Le vallon" (à voir dans la page consacrée aux paysages fantastiques). Ce ne sont plus des arbres en haut mais la mer en bas !
Le début J'ai commencé en saupoudrant la colophane avec des réserves, par étape, pour réaliser les cimes 3 par 3 afin d'obtenir des textures et nuances différentes. J'ai réalisé des bains de durées variables (5 mn, 7 mn, 10 mn, 12 mn...).
Etape intermédiaire...
J'ai ensuite tenté de dessiner les troncs... l'essai ne m'a pas convaincue... d'ailleurs j'ai tenté dans les 2 sens de la verticalité !
Que faire ?
Je me retrouvais un peu à court... mon truc ne marchait pas, mais alors pas du tout. Je me retrouvais très loin du résultat attendu, à savoir la fameuse photo. Alors j'ai continué à faire des ronds en me disant que je finirai bien par arriver à un résultat qui me conviendrait. Et voilà "les arbres" !
Et si je la retourne ?
Mon tirage ne s'est avéré pas plus concluant. Je refis un essai et j'essuyai moins l'encre. Juste pour voir... et j'eus l'idée de la retourner. La gravure à l'envers m'évoqua alors "Bobby le phoque". Pour les non-Tourangeaux, Bobby était un phoque bien vivant au jardin botanique. Un phoque à qui il manquait un oeil et que j'allais voir avec mes parents le dimanche quand j'étais petite. La gravure prenait forme. Il me manquait juste le "fond".
Et voilà Bobby le phoque !
J'ai, enfin, utilisé le "mélange magique" (aquatinte liquide) en projection sur le haut et le bas de la matrice. Après avoir protégé Bobby avec du vernis, j'ai plongé la plaque quelques minutes dans le perchlo. Et Bobby est sur son rocher !
La gravure est une passion qui m'emmène dans des aventures et des expériences sans cesse renouvelées. Manière noire, aquatinte, roulette, pointe sèche, eau forte, gaufrage..., j'explore toutes les techniques. Le cuivre reste ma matière de prédilection tant par sa sensualité que par l'éventail des nuances de densité offertes, car j'aime la diversité des textures et des matières.